mardi 23 mars 2010

Des enfants soldats dans les forets du Congo

Plusieurs enfants pénètrent les forets congolaises et intègrent la vie militaire pour diverses raisons : certains ne sachant où aller car orphelins sans parents, d’autres portent l’uniforme afin de protéger les leurs, et d’autres pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs propres familles.

Bien que pas facile pour un enfant de vivre dans les forets sauvages congolaises, ces gosses n’ont pas peur de les défier pour les différentes raisons évoquées ci-dessus. Certains partent en sachant que cela est un exercice facile pour eux. Sitôt arrivés à destination, ils se rendent finalement compte que la vie est dure pour eux. Trop tard pour ces enfants de faire demi-tour.

Même s’il y avait une éventuelle possibilité d’évasion afin de rejoindre leurs familles, les groupes armés se mettent à leur recherche et les ramènent sur le théâtre des conflits. Cependant, ceux qui sont rusés pour se cacher le plus longtemps possible, parviennent à s’échapper en errant de ville en ville, et ainsi éviter des traqueurs potentiels.

L’ex-sergent J. Bosco Mbabazi, 17 ans, du groupe rebelle PARECO opérant au Nord Kivu, est l’un des plus fervents combattants de son bataillon qui connaissait mieux le terrain forestier. Bien qu’ayant quitté l’armée cette année grâce à la MONUC, il nous a confié dans un entretien, que cela n’excluait pas qu’il puisse être récupéré’ par ses anciens employeurs et porter à nouveau l’uniforme. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il puisse changer de lieu et modifier d’itinéraire en tout secret.

Mbabazi voit rarement la seule parente qui lui reste : sa mère. L’ex- sergent souhaite devenir médecin dans la vie ; un docteur comme tous les autres. La raison qui l’aurait poussé à s’incorporer dans une des factions armées en RDC était de se procurer les moyens pour subvenir aux besoins de sa mère qui est seule et malade. Dans la coutume africaine, une mère veuve est protégée par son fils aîné ou un autre de ses garçons disponible, en l’absence de son père où du premier.

Caporal SAFI, une fille, appréhendée lorsqu’elle allait chercher du bois pour la cuisson, a été, elle, acheminée au camps ou elle a rejoint le rang d’autres filles considérées toutes comme d’objets sexuels. Peu de temps après, selon elle, les demoiselles ont eu connaissance du maniement d’armes et ont pris part aux conflits en RDC. D’apparence féminine, elle vous dit qu’elle ne réfléchit ou ne pense pas comme une fille africaine, car les conversations et discussions animées par ses consoeurs ne l’atteignent pas dans son for intérieur. Pour elle, il faut parler business.

Lucas, chargé du département de la démobilisation au sein de la MONUC (Goma/Nord Kivu), avance trois arguments ou raisons principales qui incitent les enfants à porter l’uniforme, à savoir :

- Qu’ils sont orphelins,
- Qu’ils désireraient se venger pour une quelconque raison,
- Où qu’ils veulent être considérés héros comme les autres enfants qui sont déjà partis au front.

Lucas est d’accord que plusieurs de ces enfants se voient appréhender pour réintégrer de force leurs anciennes bandes armées respectives contre leur gré, puisque cela constitue un ordre de la part de leurs ravisseurs. Ce responsable de la MONUC affirme bel et bien qu’il est difficile de récupérer ces enfants soldats disséminés ici et là dans les forets congolaises. Leur nombre exact demeure inconnu, et ne fait qu’augmenter au lieu de diminuer.

Patrick Kambale ( Kigali-Rwanda)

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