mercredi 3 août 2011

Les présidents rwandais et ougandais s'affichent à Kigali

Les présidents ougandais, Yoweri Museveni, et rwandais, Paul Kagame, se sont affichés ensemble ce week-end à Kigali pour couper court aux rumeurs de tension entre leurs pays.

Yoweri Museveni a entamé vendredi un voyage officiel de quatre jours au Rwanda, alors que les médias font état d'un climat de méfiance entre les deux voisins. Kigali craindrait, selon ces sources, un appui de Kampala à d'anciens proches de M. Kagame passés dans l'opposition en exil.

Samedi, les deux présidents ont participé dans un quartier de Kigali à la construction de salles de classe dans le cadre de travaux mensuels communautaires, des "umuganda" en rwandais.

"Museveni est un ami et un frère du Rwanda," a déclaré M. Kagame devant la population. "Ce n'est pas la première fois qu'il apporte son umuganda au Rwanda", a-t-il ajouté en allusion à l'aide du président ougandais durant la lutte armée qui a mis fin au génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda.

"Je suis vraiment content", a répondu son invité ougandais en swahili après avoir salué les habitants en rwandais.

MM. Kagame et Museveni, qui devaient se retrouver samedi soir pour un dîner à la maison de campagne du président rwandais, dans l'est du pays, n'ont pas abordé les relations entre les deux pays, laissant le soin à leurs ministres des Affaires étrangères de s'en charger sur les ondes de Radio Rwanda.

Pays "amis"

"Lorsque les gens se rendent des visites, ce n'est pas un signe qu'ils cherchent à résoudre certains problèmes, c'est au contraire un signe qu'ils sont amis", a déclaré le chef de la diplomatie ougandais Sam Kutesa.

Son homologue rwandaise, Louise Mushikiwabo, a renchéri en affirmant que son gouvernement tenait à vivre en paix avec tous les pays, et en particulier les voisins.

Mais le Rwanda n'a pas apprécié l'accueil temporaire accordé par Kampala ces dernières années à d'anciens hauts responsables rwandais qui ont eu maille à partir avec l'homme fort de Kigali.

Parmi eux, figurent l'ancien chef d'état-major de l'armée, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, et l'ancien patron des renseignements extérieurs, le colonel Patrick Karegeya, tous deux tutsi anglophones ayant grandi en Ouganda comme le président Kagame.

Avec d'autres transfuges du régime, ils ont fondé l'an dernier un parti d'opposition en exil, le Congrès national rwandais (RNC), qui appelle au départ du "dictateur".

Kampala soupçonne de son côté Kigali d'entretenir des liens suspects avec l'opposition au président Museveni, selon la presse ougandaise.

Appui militaire au FPR

Les deux chefs d'état sont des frères d'armes, M. Kagame et d'autres anciens réfugiés tutsi rwandais en Ouganda ayant participé sous la direction de M. Museveni à la lutte armée qui a porté ce dernier au pouvoir en 1986.

M. Museveni ne s'est de son côté pas montré ingrat : son appui militaire et diplomatique à la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR) fut déterminant pour la prise de Kigali en juillet 1994.

Mais dans les années qui ont suivi, les relations entre les deux capitales ont traversé des moments difficiles.

Les deux pays se sont ainsi militairement affronté en août 1999, pour le contrôle de la ville de Kisangani, en République démocratique du Congo (RDC) où ils soutenaient des groupes rebelles opposés au gouvernement central de Kinshasa. Les armées rwandaise et ougandaise ont encore été aux prises en mai 2000, puis en juin 2002.

JAM

Rwanda : les sourds-muets commencent à se faire comprendre

Stigmatisés dans certaines familles, à l'école et sur le marché de l'emploi, certains sourds-muets réussissent malgré tout à étudier et à créer de petits commerces. Ils montrent ainsi au reste de la société rwandaise qu'ils peuvent communiquer et être indépendants comme tous les autres citoyens.

Dans une annexe d’une église protestante à Kigali, tous les fidèles fixent des yeux Marie Goretti, car cette prédicatrice est sourde tout comme l'assistance. "Éteignez vos téléphones nous sommes dans la maison de Dieu !", fait-elle signe. Parmi les paroissiens présents, Ntigurirwa vient de finir sa licence en gestion dans une université de Kigali. Elle qui s’exprime en langue des signes, juge l'expression "sourd-muet" péjorative et insiste sur ceux qui essaient de parler et communiquent malgré leur handicap.
À la fin du culte, les quelques sourds qui étudient à Gatagara, non commun des écoles pour handicapés fondées par les Frères de la Charité en 1983, et d'autres paroissiens de Kigali expliquent, grâce à une interprète, qu’ils sont victimes du mépris de la société. "Nous fournissons un grand effort pour réussir les études, mais la société reste discriminatoire, car nous ne savons pas nous exprimer avec des mots", fait remarquer une sourde qui étudie à l’Université libre de Kigali.
Ceux qui sont à la fois sourds et muets se sentent en effet souvent oubliés dans certains services qui ne connaissent pas la langue des signes. "Il est difficile d'aller nous faire soigner. Le médecin lui-même ne nous comprend pas !", déplore Nyiraminani. Quant aux campagnes de lutte contre le sida ou pour le planning familial, même les volontaires de santé placés au niveau du village pour parler des causes de certaines maladies ne savent pas communiquer avec les sourds-muets...

Famille, études, emploi
Cette communauté se dit également discriminée au niveau familial. À l'image de Chantal, 14 ans. "Ses parents l'ont abandonnée toute jeune. Ils s'en sont sans doute débarrassés parce qu'ils ne voulaient pas de cette 'chose' qui ne parle pas !", estime Marie Goretti, orpheline, qui a accueilli Chantal chez elle.
En résumé, pour ces enfants, tout semble plus compliqué au quotidien… En classe, ils doivent être attentifs aux mouvements de la bouche de leur professeur pour essayer de comprendre quelques mots. "Heureusement, note un enseignant de Gatagara-Butare, les autres étudiants s'habituent vite à leur langage. Et, quand je dis quelque chose de très important, je demande à un camarade assis à côté d'eux de leur expliquer en langue des signes. Il faut même être vigilant, car pendant l'examen certains trichent en se faisant des signes !" Mais, les professeurs qualifiés manquent. "L'Institut supérieur de l'éducation (KIE) qui forme des professionnels en pédagogie n'a pas de programmes spécialisés", explique un professeur d’université.
Ceux qui travaillent dur et obtiennent de bons résultats dans leurs études ne sont pas au bout de leurs peines... Jeannette, qui a eu la première note de sa faculté de gestion en février passé affirme : "La Banque de Kigali, puis la Brasserie et limonaderie du Rwanda (BRALIRWA) qui m'avaient appréciée grâce à ma note ont refusé de me donner un emploi quand ils ont appris que j'étais sourde !" Jeannette avait été admise dans une université publique comme boursière après avoir réussi l’examen d’État. C’est par cette voie que la plupart des handicapés accèdent aux études supérieures en passant par Gatagara.

Petits entrepreneurs
D'autres, comme Parfait Rwaka parti apprendre l'informatique au Kenya, empruntent d'autres chemins. De retour de l'école secondaire, à 31 ans, ce jeune sourd se dit prêt à se lancer dans un petit business de vente de courant électrique. Cela devrait au départ lui coûter environ 1,5 million de Frw (2 500 $ environ) pour commencer. "J'achèterai l'ordinateur, la photocopieuse et le scanner. Cela m'évitera de mendier !" Il n’est pas le seul à investir comme entrepreneur. Une association d'une dizaine de vendeurs de malles réunis à Muhanga (Sud) attire les clients, curieux de voir comment ces personnes réussissent à communiquer et à commercer. "Pour discuter les prix avec ceux qui ne sont pas habitués à leur langage, ils écrivent sur un papier et l'acheteur répond, ainsi de suite. Ou, quand un client arrive tandis qu'ils sont distraits, nous leur faisons signe", explique un commerçant.
Diverses initiatives viennent compléter cette débrouillardise. Jolanda, une volontaire hollandaise a par exemple ouvert il y a trois mois à Kigali une école pour sourds-muets. Quelque 20 personnes y apprennent la langue des signes. Petit à petit, ces dernières sont moins marginalisées. Même la télévision rwandaise introduit actuellement des interprètes spécialisées dans ses émissions. Dernièrement, cette chaîne a diffusé des images d'un mariage entre sourds. Une première.

Jean de la Croix Tabaro / Syfia Grands Lacs

HIV testing to be quick and cheaper

Kigali: Columbian researcher Samuel K. Sia has developed a small and cheap plastic chip that can reliably diagnose HIV and syphilis within about 15 minutes, already tested in Rwanda the chip could make testing in remote villages a possibility.


The “mChip”, a credit-card-sized piece of plastic that is produced using a plastic injection molding process was designed to be used in resource-poor settings. Field tests in Rwanda showed that the chip works as well as traditional laboratory-based HIV diagnostics.

According to results published in the Nature Medicine, the chip detects 100 per cent of cases when used to test HIV or syphilis and HIV together, with a 4 to 6 per cent false positive rate. The device is estimated to cost $1 (600 Rwandan francs).

Rwandan health officials facilitated the testing of the device in the country with the help of Columbia’s School of Public Health and nongovernmental health organizations.

Researcher Sia and team now hope to use the chip to test pregnant women in Rwanda for HIV and other STDs. “If you catch the diseases in mothers, you can prevent transmission to newborns, increasing clinical impact,” said Sia.

“When you’re in these villages, you may have the drugs for many STDs, but you don’t know who to give treatments to, so the challenge really comes down to diagnostics,” Sia explained in a statement. “Syphilis testing in mothers and pregnant women could reduce the number of years lost due to ill health, disability, or early death by 200,000, in Rwanda.

In remote areas in Rwanda testing for HIV takes time since many clinics and hospitals have to send out blood samples to a national lab.

ARI/RNA

Rwanda : les veuves veulent être propriétaires de leurs biens

Lors de l'opération d'enregistrement des terres en cours au Rwanda, des veuves se sont vues déposséder des biens qu'elles avaient acquis après la mort de leurs maris au profit de leurs belles-familles. Une injustice contraire à la loi, mal connue des femmes et pas toujours bien appliquée par les agents du Centre national des terres.

"A la mort de mon mari, j’ai acheté un terrain à Kigali, mais au moment de l’enregistrer il a été mis au nom de la famille de mon défunt mari", raconte Claire, veuve du génocide. Une autre femme révèle, d'une voix écrasée par les sanglots : "Quand mon mari est mort, on n’avait rien. J’ai eu un travail et grâce à une avance sur mon salaire, j’ai acheté une maison. Maintenant, on me refuse le droit d’en être propriétaire en la mettant sur la succession de mon mari." Marie Immaculée Ingabire, présidente de Transparency Rwanda, affirme que de tels cas sont nombreux surtout à Kigali où les veuves ont appris tôt à se débrouiller pour gagner de l’argent et acheter elles-mêmes des biens, en particulier des terres et des maisons. Lors de l'opération d'enregistrement des terres en cours depuis juillet 2009 dans tout le pays, ces femmes constatent que ces biens ne sont pas mis à leur nom. Pourtant, le contrat de mariage prenant fin à la mort du conjoint, ils leur appartiennent bel et bien. Le problème est qu'avant l'opération actuelle, les possessions des veuves étaient enregistrées sous le nom du mari et le nom de la femme n’apparaissait pas sur les documents.
Pour Elie Nizeyimana, juriste de Haguruka, une organisation de défense des droits de la femme et de l’enfant, la loi de 1999, relative aux régimes matrimoniaux, aux libéralités et à la succession, n'est pas assez explicite : "Il faut prévoir une clause qui montre clairement comment la veuve ou le veuf peut être propriétaire de ses biens propres".

Ignorantes et spoliées


Cependant, la loi de 2005 sur le régime foncier précise bien qu'est reconnu propriétaire d'une terre celui qui l'a acquise selon les règles coutumières ou par achat. Mais, certaines veuves affirment que celle-ci n'est pas toujours respectée lors de l’identification des terres et de ses propriétaires. Ce qui a des conséquences pour ces veuves et leurs enfants : "Si mes biens ne sont pas enregistrés à mon nom, les successeurs de mon mari, notamment les enfants issus d’autres femmes et ses parents, en bénéficient automatiquement alors que je les ai achetés moi-même", constate l'une d'elles. Selon Potin Muvara, conservateur adjoint des titres fonciers au sein du NLC, le Centre national des terres, chargé de l'opération d'enregistrement, la femme doit prouver que ces biens ne sont pas liés au patrimoine de son mari qu'elle doit gérer dans l'intérêt de ses enfants. C'est pourquoi rappelle E. Nizeyimana, la loi de 1999 prévoit un inventaire des biens après la mort de l’un des conjoints et c'est important que les femmes le fassent. La présidente de Transparency est du même avis et déplore aussi que les techniciens du NLC ne donnent pas aux veuves l’occasion de prouver l'origine de leurs biens et enregistrent tout sur la famille du défunt.
Pour un avocat de Kigali, ces situations montrent aussi que les femmes ignorent les lois liées à la gestion du patrimoine familial, ce qui les prive de certains droits. Eugénie, veuve du génocide, le reconnaît : "Je croyais que le contrat de mariage continuait, même après la mort, du moment que je ne remariais pas". C'est pour cette raison qu’elle n’a pas enregistré ses biens propres à son nom. Il faut agir pour permettre à ces veuves d’être propriétaires de leurs propres biens estime M.I. Ingabire : "Il suffit de réunir les membres de la famille et d’identifier les terres que le défunt a laissées et de faire un procès verbal là-dessus. Ainsi, le reste des biens reviendra à la veuve."

Solange Ayanone / Syfia Grands Lacs