mardi 20 avril 2010

Burundi : les jeunes manipulés par les partis : triste répétition

À un mois du premier scrutin électoral, les affrontements entre jeunes, affiliés à des partis politiques et manipulés, se poursuivent dans diverses localités du Burundi. Une situation qui inquiète tout le monde particulièrement ceux qui étaient jeunes pendant la guerre et veulent éviter que l'histoire se renouvelle. "Ceux qui n’ont pas connu cela, qu’ils prennent garde et qu’ils ne tombent pas dans la rivière, la prenant pour un ruisseau." L'air grave, sa crinière à la Bob Marley disparaissant sous un bonnet noir, Ntirubakure Hassan, représentant l’association Jamaa - ou ami, famille - dans la commune urbaine de Cibitoke, au Burundi, résume sa pensée par cet adage kirundi. Il se souvient des années de crise ; son regard se perd au loin. "Nous avons vu la jeunesse burundaise contribuer à la déchirure du tissu social. Nous avons vu les jeunes abandonner l’école, se faire emprisonner ou se réfugier à l’extérieur du pays. Nous les avons vus souffrir", renchérit Nsengiyumva Éric, président de l’association. Pour éviter que l'histoire se renouvelle et que la jeunesse soit à nouveau prise en otage lors des élections générales qui approchent, ils ont tenu à raconter leurs expériences à des jeunes d'aujourd'hui.

Violences et intimidation

C'est ainsi que le siège de Jamaa accueillait le 29 mars une quarantaine d'entre eux, membres pour la plupart d'organisations de la société civile, venus de Kirundo, une province du Nord où, ces derniers mois, des groupes de jeunes, affiliés à certains partis politiques se livrent à des actes de violence et d’intimidation. Ils ont rapporté, par exemple, qu’en commune Busoni, le parti FNL – une ex-rébellion – a voulu ouvrir une permanence. Des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD FDD – lui aussi issu d’une rébellion – se sont présentés sur les lieux, munis de gourdins, de bâtons, de pierres pour empêcher les activités prévues.
À Bubanza, des jeunes Imbonerakure, affiliés au CNDD FDD, se sont réunis le 10 mars au stade puis ont commencé à labourer un terrain litigieux. Des jeunes de partis d’opposition notamment sont alors venus les en empêcher. Le président de la ligue des jeunes Imbonerakure a affirmé que ces jeunes n’ont pas agi sous la casquette du parti et que s'ils étaient impliqués dans cet incident, c’était à titre personnel...
Les manifestations publiques de groupes de jeunes ont commencé il y quelques mois dans ces provinces, sous le couvert d'activités sportives qui tournent à l'affrontement lorsque deux groupes de partis opposés se rencontrent. A Kirundo, où le problème a pris une allure inquiétante, le ministre de l’Intérieur a interdit le sport collectif. Mais des faits similaires s’observent dans d’autres provinces du pays, tandis qu’à Kirundo, des enseignements divisionnistes ont pris le relais.

Des jeunes qui veulent la paix


Pendant un mois, une Ong opérant dans trois communes de Kirundo a cherché à comprendre ce qui se passait. Les jeunes, interrogés, ont raconté que des personnes disent, par exemple, qu'il faudrait séparer les enfants selon leur ethnie dans la double vacation pratiquée au primaire pour remédier au surnombre des écoliers.
À propos des groupes de jeunes affiliés aux partis, Jean-Christophe, un jeune enseignant membre du centre jeunes Bugabira et proche du parti Uprona, explique : "Ils participent aux réunions de partis. Il arrive alors que des conflits naissent entre partis opposés et ces jeunes y sont impliqués de fait". Anatole, lui, est membre de la synergie des associations de jeunes et se dit proche du parti FNL. "Moi, je pense que ce sont des politiciens qui manipulent ces jeunes, affirme-t-il. Ils ont certainement leurs objectifs. Et pour y parvenir, ils se servent de ces jeunes, parce qu’ils sont faciles à manipuler". Surtout les non scolarisés selon une Ong locale, à qui on fait des promesses ou on donne un peu d’argent.
Ces jeunes sont ainsi en première ligne, lorsque des membres du parti au pouvoir surtout se réunissent. Ils scandent alors des slogans et des chansons peu rassurantes pour la population, d’après les témoignages de ceux qui sont venus se ressourcer auprès de Jamaa. Pour l'association, c’est comme si l’histoire recommençait. Ses membres expliquent que, face à la balkanisation de certains quartiers de Bujumbura pendant la crise, et pour surmonter la méfiance, ils organisaient par exemple des matchs de foot, non de 11 mais de 12 joueurs, hutu et tutsi en nombre égal. "Lorsque tu fais une passe, tu ne vas pas donner le ballon uniquement au joueur de ton ethnie, explique Nsengiyumva Éric. Ainsi, lorsque vous marquez, c’est toute l’équipe qui gagne". De plus, si à l’aller le match se tient dans un quartier pro tutsi, le match retour avait lieu dans un quartier pro hutu. Touché par ces récits, Patrick, membre du CPAJ en commune Busoni, hoche la tête et lance d’un air pensif : "Nous vivons dans un même pays, étudions dans les mêmes écoles. Nous devrions comprendre que nous avons tous besoin de vivre en paix. Il n’y a pas de hutu, de tutsi ou de twa qui puisse dire qu’il n’en pas besoin".

À un mois du premier scrutin électoral, les affrontements entre jeunes, affiliés à des partis politiques et manipulés, se poursuivent dans diverses localités du Burundi. Une situation qui inquiète tout le monde particulièrement ceux qui étaient jeunes pendant la guerre et veulent éviter que l'histoire se renouvelle. "Ceux qui n’ont pas connu cela, qu’ils prennent garde et qu’ils ne tombent pas dans la rivière, la prenant pour un ruisseau." L'air grave, sa crinière à la Bob Marley disparaissant sous un bonnet noir, Ntirubakure Hassan, représentant l’association Jamaa - ou ami, famille - dans la commune urbaine de Cibitoke, au Burundi, résume sa pensée par cet adage kirundi. Il se souvient des années de crise ; son regard se perd au loin. "Nous avons vu la jeunesse burundaise contribuer à la déchirure du tissu social. Nous avons vu les jeunes abandonner l’école, se faire emprisonner ou se réfugier à l’extérieur du pays. Nous les avons vus souffrir", renchérit Nsengiyumva Éric, président de l’association. Pour éviter que l'histoire se renouvelle et que la jeunesse soit à nouveau prise en otage lors des élections générales qui approchent, ils ont tenu à raconter leurs expériences à des jeunes d'aujourd'hui.

Violences et intimidation

C'est ainsi que le siège de Jamaa accueillait le 29 mars une quarantaine d'entre eux, membres pour la plupart d'organisations de la société civile, venus de Kirundo, une province du Nord où, ces derniers mois, des groupes de jeunes, affiliés à certains partis politiques se livrent à des actes de violence et d’intimidation. Ils ont rapporté, par exemple, qu’en commune Busoni, le parti FNL – une ex-rébellion – a voulu ouvrir une permanence. Des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD FDD – lui aussi issu d’une rébellion – se sont présentés sur les lieux, munis de gourdins, de bâtons, de pierres pour empêcher les activités prévues.
À Bubanza, des jeunes Imbonerakure, affiliés au CNDD FDD, se sont réunis le 10 mars au stade puis ont commencé à labourer un terrain litigieux. Des jeunes de partis d’opposition notamment sont alors venus les en empêcher. Le président de la ligue des jeunes Imbonerakure a affirmé que ces jeunes n’ont pas agi sous la casquette du parti et que s'ils étaient impliqués dans cet incident, c’était à titre personnel...
Les manifestations publiques de groupes de jeunes ont commencé il y quelques mois dans ces provinces, sous le couvert d'activités sportives qui tournent à l'affrontement lorsque deux groupes de partis opposés se rencontrent. A Kirundo, où le problème a pris une allure inquiétante, le ministre de l’Intérieur a interdit le sport collectif. Mais des faits similaires s’observent dans d’autres provinces du pays, tandis qu’à Kirundo, des enseignements divisionnistes ont pris le relais.

Des jeunes qui veulent la paix


Pendant un mois, une Ong opérant dans trois communes de Kirundo a cherché à comprendre ce qui se passait. Les jeunes, interrogés, ont raconté que des personnes disent, par exemple, qu'il faudrait séparer les enfants selon leur ethnie dans la double vacation pratiquée au primaire pour remédier au surnombre des écoliers.
À propos des groupes de jeunes affiliés aux partis, Jean-Christophe, un jeune enseignant membre du centre jeunes Bugabira et proche du parti Uprona, explique : "Ils participent aux réunions de partis. Il arrive alors que des conflits naissent entre partis opposés et ces jeunes y sont impliqués de fait". Anatole, lui, est membre de la synergie des associations de jeunes et se dit proche du parti FNL. "Moi, je pense que ce sont des politiciens qui manipulent ces jeunes, affirme-t-il. Ils ont certainement leurs objectifs. Et pour y parvenir, ils se servent de ces jeunes, parce qu’ils sont faciles à manipuler". Surtout les non scolarisés selon une Ong locale, à qui on fait des promesses ou on donne un peu d’argent.
Ces jeunes sont ainsi en première ligne, lorsque des membres du parti au pouvoir surtout se réunissent. Ils scandent alors des slogans et des chansons peu rassurantes pour la population, d’après les témoignages de ceux qui sont venus se ressourcer auprès de Jamaa. Pour l'association, c’est comme si l’histoire recommençait. Ses membres expliquent que, face à la balkanisation de certains quartiers de Bujumbura pendant la crise, et pour surmonter la méfiance, ils organisaient par exemple des matchs de foot, non de 11 mais de 12 joueurs, hutu et tutsi en nombre égal. "Lorsque tu fais une passe, tu ne vas pas donner le ballon uniquement au joueur de ton ethnie, explique Nsengiyumva Éric. Ainsi, lorsque vous marquez, c’est toute l’équipe qui gagne". De plus, si à l’aller le match se tient dans un quartier pro tutsi, le match retour avait lieu dans un quartier pro hutu. Touché par ces récits, Patrick, membre du CPAJ en commune Busoni, hoche la tête et lance d’un air pensif : "Nous vivons dans un même pays, étudions dans les mêmes écoles. Nous devrions comprendre que nous avons tous besoin de vivre en paix. Il n’y a pas de hutu, de tutsi ou de twa qui puisse dire qu’il n’en pas besoin".

(Syfia Grands Lacs/Burundi)

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