vendredi 31 décembre 2010

L'ONU met en garde le camp Gbagbo contre la tentation de rallumer la guerre civile

Les récents appels du camp Gbagbo à aller « libérer » l’hôtel du Golf où est retranché depuis un mois Alassane Dramane Ouattara inquiètent l’ONU. D’autant que de nouvelles craintes sur de possibles dérapages ethniques se font jour.
Charles Blé Goudé, leader des « jeunes patriotes » pro-Gbagbo, mettra-t-il sa menace à exécution ? Mercredi, il a promis d’aller « libérer à mains nues » le Golf Hôtel d'Abidjan – QG du camp d’Alassane Ouattara - à partir du 1er janvier 2011… Des propos pris très au sérieux par la communauté internationale qui soutient Ouattara, président élu avec 54,1 % des voix lors de la présidentielle du 28 novembre dernier.
« Une attaque contre le Golf Hôtel risque de provoquer des violences à grande échelle qui pourraient rallumer la guerre civile », a prévenu le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon. Qui rappelle également que la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire, l'Onuci, peut utiliser « tous les moyens nécessaires pour protéger son personnel ainsi que les fonctionnaires d'Etat et les autres civils présents dans l'hôtel », soumis à un blocus routier des forces pro-Gbagbo et protégé par quelque 800 Casques bleus.

Agressions armées
On imagine les conséquences dramatiques que pourrait avoir l’arrivée à l'hôtel de milliers de partisans de Gbagbo face aux blindés de l'Onuci, présentée par le camp Gbagbo – en particulier la télévision d’État la RTI – comme l'allié de Ouattara et un agresseur de la Côte d’Ivoire. En outre, la présence éventuelle parmi eux de provocateurs armés pourrait vraiment faire franchir à la crise ivoirienne un point de non-retour…
Les Casques bleus ont récemment subi plusieurs agressions armées. Dernier incident en date : mercredi, une patrouille a essuyé des tirs d'origine inconnue et a dû répliquer par des tirs de sommation devant une foule hostile. Reste que depuis la venue à Abidjan des trois médiateurs de la Cedeao, mardi dernier, les exactions envers les partisans de Ouattara ont diminué d’intensité. Du 16 au 21 décembre, l’ONU dénombrait 173 morts et 471 arrestations, et seulement 6 morts et vingt enlèvements ou arrestations (dont 3 disparitions forcées) depuis une semaine. Le gouvernement Gbagbo parle quant à lui de 53 morts depuis le 28 novembre, dont 14 membres des forces qui lui sont fidèles.
« Marquage ethnique »
Officiellement, malgré la médiation des présidents béninois Yayi Boni, capverdien Pedro Pires et sierra-léonais Ernest Koroma, la menace d’une intervention militaire de la Cedeao continue de planer sur le régime Gbagbo. Cependant, le Ghana a averti jeudi qu'il n'enverrait pas de troupes chez son voisin ivoirien. Tout en disant préférer l'option diplomatique, Ouattara a appelé jeudi à « aller vite ». « Il est temps d'agir et de sortir de cette situation », a-t-il déclaré. Son camp, qui multiplie les victoires diplomatiques, craint en effet un début de « génocide ».
Le conseiller spécial de l'ONU chargé de la prévention du génocide, Francis Deng, s'est d’ailleurs déclaré « très inquiet », notamment en raison d'informations selon lesquelles des maisons où vivent des opposants de Gbagbo seraient « marquées pour identifier leur ethnie ».
Relatif signe d’ouverture, cependant, plusieurs chaînes de télévision d'information étrangères, qui avaient été interdites début décembre, sont de nouveau autorisées, sauf France 24 et TV5MONDE. Une situation qui correspond à l’arrivée très médiatique à Abdijan des avocats Roland Dumas (ancien ministre des affaires étrangères de François Mitterrand) et Jacques Vergès.

(Avec AFP)

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