Un mois et demi après le début du procès des huit policiers impliqués dans la mort du militant congolais des droits de l’homme Floribert Chebeya, le chef des services spéciaux a été entendu par la cour militaire de Kinshasa en tant que témoin.
Le général Innocent Unyon Vakpa a en particulier été interrogé sur ses relations de travail avec ses collègues, et notamment avec le colonel Daniel Mukalay, l’un des principaux suspects dans cette affaire.
« Je ne parlerai pas de la haine. Amitié ? Je dirai non, inimitié oui. Quand votre chef traite directement avec son subalterne en vous "sautant", ça frustre », a déclaré le général Unyon.
« Le colonel Mukalay a la protection de l'échelon supérieur » de la police, a-t-il ajouté, se demandant « pourquoi [son] adjoint [le colonel Mukalay, NDLR] travaille loin de [lui] alors qu'il a un bureau aux services spéciaux ».
Missions discrètes
Innocent Unyon Vakpa a par ailleurs déclaré que le général John Numbi, l'inspecteur de la police suspendu de ses fonctions après la mort de Chebeya mais non inquiété par la justice, confiait à son insu des missions à Mukalay.
John Numbi est mis en cause par les parties civiles, qui dénoncent la protection des autorités dont il bénéficie. Il avait donné rendez-vous à Floribert Chebeya le jour de sa mort. Celui-ci a été retrouvé sans vie dans sa voiture le lendemain. L'entretien n'aurait jamais eu lieu.
Floribert Chebeya, 47 ans, directeur exécutif de l'ONG la Voix des sans voix (VSV), a été retrouvé le 2 juin sur une route à la périphérie de Kinshasa. Son chauffeur, Fidèle Bazana, qui l'avait accompagné au rendez-vous, est toujours porté disparu. Pour la VSV, les deux hommes ont été assassinés. Reste à déterminer les circonstances du crime et les coupables.
Déserteurs
La cour militaire de Kinshasa a fixé la prochaine audience au 6 janvier.
Les huit policiers, dont trois sont en fuite, sont accusés notamment d' « association de malfaiteurs, assassinat et enlèvement ». Ceux qui ne sont pas présents au procès sont également jugés pour « désertion ».
Quelques jours après l’assassinat, le colonel Daniel Mukalay serait passé aux aveux, selon une source proche de la présidence. Il aurait expliqué n’avoir été qu’un simple exécutant » et aurait « mis en cause » John Numbi.
(Avec AFP)
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